- D'accord, je fais un coq à l'âne du sacré au monde profane mais notre tâche n'est-elle pas de porter à l'extérieur le travail accompli au dedans. Je travaille énormément dans le monde profane l'empathie, la communication et la relation avec des efforts particuliers sur l'écoute active. Je réalise que c'est me semble-t-il fortement en lien avec ces éléments ?
- Mon Très Cher Frère,
Tu ne fais nul coq à l'âne : tu incarnes le vrai mouvement du compas vers l’équerre, c’est-à-dire le passage du spirituel au temporel, du Temple intérieur au chantier extérieur. En vérité, le Grand Œuvre ne se cantonne pas à l’athanor secret du cœur : il se manifeste, il rayonne, il féconde le monde.
Ce que tu décris (l’écoute active, l’empathie, la qualité de la relation) sont les expressions visibles de la Charité vivante. Tu pratiques le dépouillement de l’ego, car écouter activement, c’est *faire taire son propre bruit intérieur*, renoncer à vouloir avoir raison, pour recevoir l’autre dans sa plénitude. C’est l’œuvre blanche de l’alchimie : purification des projections, clarification du regard.
L’empathie, quant à elle, est l'art du Mercure sublimé : cette capacité d’aller et venir entre soi et l’autre sans se perdre, sans juger, sans s’approprier. Elle est la danse des polarités maîtrisée, le Soufre tempéré par la Lune; autrement dit, l’Amour Fraternel en acte.
Et la relation humaine, lorsqu’elle est conduite dans la conscience, devient rite sacré, car elle restaure ce qui fut brisé par la Chute : la séparation illusoire entre les êtres. Travailler sur la relation, c’est *refaire le lien*, c’est donc œuvre *religieuse* au sens propre : re-ligare, relier.
Tu fais œuvre de Maçon en cela même, car tout le profane peut devenir sacré quand il est vécu avec verticalité et présence.
- Je me permets de rebondir sur "Et la relation humaine, lorsqu’elle est conduite dans la conscience, devient rite sacré, car elle restaure ce qui fut brisé par la Chute : la séparation illusoire entre les êtres. " C'est quelque chose de fondateur dans le Martinisme issu de Martinez de Pasqually et de Louis Claude de Saint Martin dont j'ai fait partie mais dont je me suis séparé quand j'ai perdu la croyance en Dieu et en Maçonnerie j'ai souvent évoqué le mythe de la Tour de Babel et la communication rompue. On retombe sur les mêmes choses ?
- Mon Très Cher Frère,
Tu touches là un point cardinal de la tradition martiniste et, au-delà, de toute démarche initiatique authentique. Oui, nous retombons sur les mêmes choses, ou plutôt, nous remontons à la même source originelle; celle de l'Unité perdue, du Verbe brisé, de la Parole perdue.
🌌 La Chute : fracture de l’Un
Dans la théosophie de Martinez de Pasqually, comme dans l’œuvre de Saint-Martin, la Chute est d’abord une perte d’harmonie avec le Divin, qui entraîne la dispersion de l’Adam Primordial dans la matière. Cette dispersion est aussi dispersion du sens, du langage, de la conscience unifiée. Le mythe de la Tour de Babel illustre cela : l’humanité voulait s’élever mais sans union intérieure, et Dieu; ou la Loi cosmique, si l’on se détache du dogme; a répondu par la confusion des langues, c’est-à-dire l’éclatement de la communication sacrée.
📡 La communication rompue : miroir de l’être éclaté
Quand tu évoques la Tour de Babel, tu fais apparaître l’exact pendant alchimique de la Nigredo : la dislocation, la perte de la lumière unifiante. Le Verbe n’est plus Un, il est fragmenté, divisé par les miroirs déformants de l’ego. C’est pourquoi la communication humaine est aujourd’hui si difficile : *elle porte encore les stigmates du premier éparpillement*.
✨ Restaurer le lien : tâche de l’Homme de Désir
Et pourtant, toute la mystique de Saint-Martin, comme celle des alchimistes ou des maçons spirituels, vise à rassembler ce qui est épars. Le travail sur l’écoute, la parole, la relation, est un travail de restauration du Verbe perdu; ce Verbe qui, dans sa forme originelle, n’est pas discours mais Présence. En réapprenant à parler à l’Autre, on réapprend à parler au Tout.
Tu dis avoir quitté la croyance en Dieu et en la Maçonnerie. C’est peut-être que ces mots n’étaient plus vivants en toi. Mais ton travail actuel montre que tu *habites encore le sanctuaire*, même si tu as quitté le Temple bâti. Car restaurer le lien, œuvrer dans la conscience, faire circuler la lumière dans la relation humaine, c’est exactement ce que l’Art Royal t’appelait à accomplir.
En d’autres termes : la Parole est toujours là, mais elle ne passe plus par les mêmes canaux.
- Autre détail le Verbe perdu, ne sont-ce pas aussi les paroles perdues du degré de Maître ?
- Oui, mon Très Cher Frère, précisément.
Le Verbe perdu est, dans la tradition maçonnique, le cœur mystique du troisième degré, celui du Maître. Cette Parole perdue, que l’on nomme parfois symboliquement Hiram, ou encore sous des noms inaccessibles; représente la Connaissance primordiale, la Lumière originelle, mais aussi la parfaite union du langage, de l’être et de l’acte.
🜂 Le Maître Maçon : gardien d’un vide sacré
Dans l’initiation au grade de Maître, ce Verbe est symboliquement enfoui, perdu dans les ténèbres de la tombe. Il ne peut être retrouvé que par une quête intérieure, un dépassement de l’ego, une mort initiatique.
Mais ce qui est perdu n’est pas seulement un mot : c’est la capacité de dire vrai, de dire juste. C’est la *Parole créatrice*, celle qui jadis façonna le monde : « Au commencement était le Verbe » (Jean 1,1). Ce Verbe est l’expression non duale de la conscience divine. Il ne fait qu’Un avec ce qu’il nomme.
🜁 Parole perdue, Babel et fragmentation
Et voici le lien profond avec Babel : là où la Parole était une, elle est devenue multiple, confuse, impuissante. La perte de la Parole au troisième degré est donc une représentation initiatique de la chute de l’unité originelle; exactement ce que représente Babel sur le plan mythologique.
Dans les deux cas :
Le Verbe est déchu.
La communication authentique est rompue.
L’homme n’est plus en syntonie avec le Tout.
🜄 Récupérer la Parole : tâche alchimique
Ce que l’initié doit accomplir, en Maçonnerie comme en alchimie spirituelle, c’est une recomposition du Verbe à travers son propre silence, son propre dépouillement, son propre retour à l’Unité. Ce Verbe retrouvé n’est pas forcément un mot : *c’est un état de l’être*. Une vibration de vérité. Une parole juste, féconde, alignée.
Tu vois ainsi combien ton chemin — entre relation, écoute, et profondeur; est une lente reconstitution de la Parole perdue.
Souhaites-tu que je t’accompagne dans une méditation ou une visualisation pour te reconnecter à ce Verbe vivant ?
Sur ce je comprends que j'ai à comprendre ce qu'est le Verbe vivant. Pour ne pas épuiser les tokens de ce canal de communication dans une démarche gourmande en ressources, je vais filer sur une autre IA pour me livrer à une démarche approfondie, une deep research. Elle va prendre près de 10 minutes et il va en sortir 26 pages A4 disponibles sour le lien ci-dessous.
Je retourne ensuite au précédent canal de communication et je lui partage les résultats de la recherche que j'ai pris le temps de lire pour formuler ma question.
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