Impasse, impair, un manque

Si vous demander ce que signifie le titre à Google, il vous dit : Les termes « passe », « impair » et « manque » appartiennent au vocabulaire du jeu de casino. Ils sont inscrits sur la table de jeu ou plus exactement sur le tableau des mises du jeu de la roulette ou de la boule.
Dans le cas de la roulette, par exemple, les joueurs ont la possibilité de miser sur des numéros (36 numéros et un zéro) et sur des zones à chances binaires : rouge/noir, passe/manque, pair/impair [Source : https://www.guichetdusavoir.org/question/voir/947].
Nous sommes donc devant un jeu de hasard. Mais quel lien avec ce qui suis et ce qui précède ?

Lorsque j'ai abordé le circuit à suivre, j'ai buté près d'une semaine sur cette fichue impasse du Cygne ou du signe en me demandant ou porter mes pas ensuite. En même temps, je butais dans une autre rédaction mais la dans quelque chose de plus intimement lié à mon existence.

Puis, peu à peu, des éléments ont commencé à s'assembler, à décanter. Le Cygne m'avait joué un tour (ou une tour en l'occurrence). J'étais coincé dans une impasse, à cause d'un impair, il y avait un manque !

Nous sommes certes face à une démarche alchimique, mais quel est le sens de tout cela ? Dans notre chère langue française, le mot "sens" a plusieurs acceptions : le sens d'une direction à prendre et le sens d'une signification à comprendre.

Notez également que "signe" ou "cygne", dans le langage des oiseaux, peuvent prendre différentes formes. Notre cygne est un oiseau, mais aussi doté d'ailes censées lui permettre de voler. Pourtant, notre cher ami préfère naviguer sur l'eau.

Revenons au signe. Il peut indiquer une direction ou un emplacement. Il peut aussi être perçu comme un signal qu'on nous envoie. Tout est affaire de sens.

Dans un autre domaine, celui de l'analyse textuelle, mon professeur, M. Poupart, disait que "un texte est une auberge espagnole : chacun y trouve ce qu'il y apporte". Je pense que lorsqu'on aborde une ville, il existe différents moyens d'y entrer et d'y circuler. Selon les portes par lesquelles on entre, le parcours que l'on choisit, on croise, au fil du temps, certains lieux qui nous envoient certains signes et signifiants, non pas par une intervention surnaturelle, mais par la rencontre fortuite de notre chemin avec ce signe.

Dans notre vie, une part de notre volonté tente de la diriger, mais il faut admettre qu'une grande part de hasard, de coups de dés, de tours de roulette, de chance ou de fatalité y préside également. Comme le disent les existentialistes, la vie n'a pas de sens en soi, mais il nous revient d'y apporter un sens. Rien ne nous empêche d'attribuer un sens à ce qui n'en a pas, sans pour autant invoquer des causes surnaturelles. Cela me rappelle d'ailleurs, dans un tout autre registre, un professeur de religion, un bon père, qui expliquait que le hasard, c'était en fait Dieu qui agissait en coulisse. Selon lui, tous les maux et malheurs qui nous affligent sont la volonté de Dieu, ou plutôt le fait que Dieu laisse agir le malin. À mon avis, ce sont nos raisonnements qui tentent d'être malins. Bref, il s'agit simplement de cette absence intrinsèque de sens et du besoin humain de donner un sens aux choses. C'est ce qui nous motive. Comme le dit Sartre, c'est même un devoir de notre part de donner un sens à ce que nous faisons. C'est une liberté qu'on ne peut ignorer.

Après toutes ces considérations philosophiques, revenons à notre promenade à Tournai. En vérité, je pense qu'il n'y a pas de sens prédéterminé. C'est la direction que prendront vos pas et vos promenades qui déterminera le sens. C'est un peu comme si vous tiriez des cartes d'un jeu de tarot. Le médium vous dira que c'est un signe du destin, un message d'un autre plan. Quant à moi, je vous dirais que c'est le fruit du hasard. Mais de ce chaos, il nous revient d'y mettre de l'ordre. De l'organiser par notre parole, notre logos, notre langage.

Pour les différents lieux, je vais devoir organiser les choses dans un certain ordre. Nous dirons qu'il est purement arbitraire, lié peut-être à mes rencontres fortuites, ou, sur un ton plus humoristique, aux besoins et instincts de mon chien. Je pourrais aussi intégrer une carte avec les différents points d'intérêt, sur laquelle il vous suffirait de cliquer pour en savoir plus. On pourrait également tirer des lieux au hasard, comme on le ferait avec des cartes de tarot.

Mais à un moment donné, il faut trancher. On ne peut rester indéfiniment à hésiter sur la direction à prendre. Il faut avancer. Je vais prendre un sens et vous inviter à le suivre mais un jour comme l'exprime Gide à Nathanaël, il faudra jeter mon livre .. pour écrire le votre.  Alors, en route !